Oublier Palerme

Edmonde Charles-Roux

Lecture d’Elisabeth Gavalda -avec Vincent Granger (clarinettes, clavier, guitare)


 

« J’étais à New York pour ne penser à rien, programme complexe et qui exige de la discipline. La rubrique tourisme était mon emploi. Je collaborais à Fair, hebdomadaire qu’un vaste public féminin lisait dans l’espoir d’acquérir élégance, chic, savoir-vivre et surtout beauté dont Babs donnait les recettes avec une assurance confondante. [.…] Babs dirigeait les sourires, gonflait ou dégonflait les cheveux à distance, tandis que je racontais l’Europe, les cathédrales, les places fortes, les fouilles, les villes mortes. Je plongeais mes lectrices en plein folklore ; je leur donnais la nostalgie des tarentelles, des processions, des semaines saintes. J’étais l’organisatrice du bonheur à l’étranger. Et mes lectrices à l’autre bout du fil me disait : « Merci Gianna Meri. Merci Gianna » ». Edmonde Charles-Roux.

Résumé : Babs est une jeune femme comme il en existe beaucoup, à New York, dans la presse féminine. Rédactrice à Fair, un magazine de grand prestige, Babs ne semble se soucier que de sa réussite professionnelle. Son amie, une jeune sicilienne Gianna Meri, elle aussi rédactrice à Fair, a quitté Palerme et son île écrasées sous les bombardements et les horreurs de la guerre de 1944. Elle est venue à New York refaire sa vie. Sa rencontre avec Carmine Bonnavia, lui aussi Sicilien et fils d’émigré, donne au séjour américain de Gianna une dimension nouvelle, bien que Carmine comme Babs n’ait d’autre désir en tête que celui de réussir une carrière politique. Il vise la mairie de New York. Pense-t-il parfois à la terre de ses ancêtres ? Cette Sicile lointaine est-elle encore un peu sa patrie ?

D’un côté, Palerme, la Sicile de la poussière, de l’étouffement, de l’honneur, de la misère, des passions gratuites et violentes, de la mer… De l’autre, n’importe laquelle de nos métropoles de commerce, d’argent, avec leur façon de briser les vies par la hâte, la férocité.…. Et, voguant entre ces deux univers, d’une époque à l’autre, les émigrants, paysans ou seigneurs, nostalgiques ou avides de recommencer.